Ces informations ont été données par le Premier ministre, Tertius Zongo, au cours d’un point de presse le 15 octobre dernier. Au lendemain de cette conférence de presse, les principaux concernés, notamment les victimes du déluge du 1er septembre recueillies sur le site de l’INJEPS, nous ont livré leur opinion à ce sujet, le dimanche 18 octobre 2009.
Le dimanche est par essence le jour de prière et de louanges chez les chrétiens. C’est donc une tradition biblique à laquelle sacrifiait Fulgence Kabré, ce 18 octobre 2009 aux environs de 10 h. Bible ouverte sur les jambes et chapelet en main, il venait de finir de prier, assis devant une tente jaune du site de l’INJEPS.
A-t-il demandé à la miséricorde divine un meilleur sort que celui qui est le sien depuis qu’il a vu sa maison emportée par le déluge du 1er septembre dernier ? « Assurément oui ! » répond Fulgence. Et cela d’autant plus qu’il est maintenant question de les reloger à Basséko, à Yagma ou à Dar-es-Salam au plus tard le 30 novembre prochain.
« C’est bon mais c’est pas arrivé car n’oublions pas qu’on parle du devenir de 150 000 personnes totalement démunies à cause de la catastrophe », commente-t-il les informations sur le sort des sinistrés qui ont été données par le Premier ministre, Tertius Zongo, au cours d’un point de presse, le 15 octobre passé. Est-ce à dire que les nouvelles de ladite conférence de presse relèvent désormais d’un secret de Polichinelle pour les premiers concernés ? Non, pas totalement, car à la différence des victimes du déluge interviewées au cours du micro-trottoir (voir encadré), certains ne sont même pas au courant de la décision gouvernementale.
C’est le cas de Brigitte Rouamba, qui nous avoue ignorer tout de cette décision. Une fois informée, elle se montre quelque peu sceptique : « Ce sera difficile, c’est mieux de nous trouver des maisons que de nous déplacer une nouvelle fois pour aller tout recommencer ». Le site de l’INJEPS vit son train-train quotidien avec un peu partout des marmites qui bouillent, posées soit sur des feux de bois soit sur des foyers à gaz et qui laissent s’échapper quelques délicieux fumets laissant augurer des festins sur le coup de midi. Nous tombons sur une vieille connaissance, Salif Ouédraogo, celui-là même qui était content de retrouver son appartement lors de leur pendaison de crémaillère le 23 septembre dernier (cf. L’Observateur Paalga du jeudi 24 septembre 2009).
Ce dernier nous informe qu’il a dû changer de tente entre-temps, car ayant été inondé une nouvelle fois. Salif n’a pas perdu pour autant son sens de l’humour : « L’eau me poursuit partout où je suis ; donc, j’airai dans le désert pour amener l’eau là-bas ». Il nous confie que le climat de la vie sur le site alternatif est très tendu et est dû à la nouvelle vie et aux conditions de logement : « Comme le terrain est nu, on ne maîtrise plus nos enfants et leur éducation devient difficile, mais on tente de faire avec. Les sinistrés ne doivent pas être toujours plaintifs, car nous devons fédérer nos efforts pour accompagner le gouvernement et ceux qui nous aident.
Il nous faut faire preuve de tolérance, car ce ne sont pas nos vrais caractères qui ressortent actuellement ici, mais c’est dû à la conjoncture ». En attendant le 30 novembre, les marchands ambulants, eux, profitent de la présence des sinistrés à l’INJEPS pour faire recette. En témoignent les petites vendeuses de cacahuètes qui y pullulent aux côtés des « rechargeurs » de portables comme on y surnomme les jeunes qui profitent du manque d’électricité dans les tentes pour proposer de recharger les batteries des téléphones portables contre la somme de 100 F CFA. Ils offrent également des recharges directes d’unités téléphoniques.
Sous le couvert de l’anonymat, un autre sinistré déplore le fait qu’eux, ils n’aient pas été consultés par le gouvernement : « C’est vrai que c’est quelque chose d’inattendu et de non budgétisé mais on doit au moins demander notre avis bien avant, car c’est quand même de notre avenir qu’il s’agit en premier lieu. Il faut une discussion franche au préalable avec la prise en compte de nos réalités, sinon ça va être un départ manu militari comme on le dit. J’attends de voir tout ça, moi ! » Qui vivra verra, dit le dicton.
Hyacinthe Sanou